Un temps rien de plus beau ne me fut que d'aymer
Et nourrir en aymant nos conjugales flammes ;
Mais depuis que la
Mort a divisé les trames
Des fils de nostre vie, aymer ne m'est qu'amer.
O toy qui par la mort, la
Mort me vois blasmer,
Toy qui, vivante en terre, estois l'honneur des femmes,
Toy qui, morte, es au ciel l'honneur plus beau des âmes,
Voy pour toy mes deux yeux en pleurs se consommer.
Mais las ! pour déplorer l'ennuy d'un tel martire
Deux yeux ne sont bastans ; c'est pourquoy je désire
Me voir, nouvel
Argus *, en cent yeux transformé ;
Et non pour voir du jour plus clair à la lumière,
Car despuis que la mort te mist dedans la bière,
Dans la bière mon jour fust aussi r'enfermé.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012