En creux de tout geste est la conquête de l'inaccompli
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Sitôt franchi le seuil la demeure
nous abandonne
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Ce qui nous manque comme la maison inhabitable
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Le mystère n'est rien que ressemblance encore inaperçue
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la main touche en nos mots quelques débris du clavier
Par le trou de serrure qui verra
sa mort de l'autre côté ?
Par quel chas se faufiler
dans l'autre vie ?
Ouvrir la fenêtre d'un mot
et se jeter dehors
Nous n'avons rien appris que le silence déjà ne sache
le silence : paupière qui permet
au langage de se fermer
ce que nous voyons à la fois nous écorche et nous suture
Rêver se pose en nous comme givre
au rebord de l'aube
Que devient le visible si on l'oblige
à faire antichambre ?
Quel embaumeur saura naturaliser la mort ?
Miroir d'où nous sortons l'amour
nous trace une orée
Au fond de la femme il y a l'homme
la nuit reste au fond du puits
Au fond de l'homme la femme veille
le feu brûle ce qu'il voit
Lotus retournés nos paysages
sous la surface des choses
La bouche invente aussi son paysage
lèche et nettoie les mots
La réalité rumine tout le suc des choses nous donne un lait noir
la parole soudain coupée au passage d'une luciole
La lumière glisse son bulletin
dans l'urne de l'étang
Pour l'orage
charmeur de serpents la foudre siffle
Du pensionnat des jeunes vitres une fenêtre s'enfuit cheveux au vent
Sur le répondeur de l'arbre message oublié du loriot
La nuit mazoutée lisse en vain
son plumage d'engoulevent
Le soleil ensanglante la mâchoire du piège à loup
Parfois on se réveille au coup de gong de la lune
La rose ne dit rien cueillie
elle porte son deuil
Les mots emportent dans leur tombe le secret des choses
Le tournesol détective continue la nuit sa filature du soleil
Le rossignol emménage dans l'horoscope des destins troués
On entend dans les choses se casser la corde d'une guitare
Sous les rails du métro l'orgue de barbarie des grillons
Sur le quai de la gare dans sa valise mon ombre repliée.
Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012