Poèmes

Second Alphabet

par Salomon Certon

E

Sans ton rayon la nuict au loin chassant,
Ardant
Tithon, qui chaud adoucissoit
Son matin frais, ton los qui saisissoit
Mon luth pançu succomboit impuissant :

Car son frimas sur ma main amassant

Un froid cuisant, quand mon doigt surpinçoit
Son doux boyau, qui ton los prononçoit,
Nous fit faillir un matin transissant.

Mais tout à coup ton rayon nous a faict,
D'un chaud hastif jouir tout à souhait,
Donnant ma main à son plaisir obmis,

Mon doigt au luth confus auparavant,
Ma voix au chant qui la va poursuivant,
Mon pas au train à mon travail promis.

Y

Muse, conseil ; lequel il me faut prendre
Pour reposer.
Le frais, l'ombre ou le vert
Que ce ruisseau, ce bois, ce pré ouvert
Me veut donner, me fournir et m'estendre.

Son cours, son ombre et son herbage tendre
Est-il trop froid, trop noir, trop descouvert ?
Parle bien tost, car la fraischeur se perd,
Le vert fannit, l'ombre ne veut attendre.

Mais quel besoin de reposer si près,
Et pour si peu consulter, si le frais,
Si l'ombre, ou si la verdure m'est bonne

Vois-tu la ville où nous mettrons à fin,

Sans que ruisseau, ne bois, ne pré, nous donne
Lieu de repos, nostre entrepris chemin ?



Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012

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