Poèmes

Rien D'autre

par Paul Eluard

Paul Eluard

Erre tu rencontreras

Toutes les femmes que tu voudras

La passante interdite et charnue dans le soleil

Dans les neiges des prairies creuse un bain de son

Où les miroirs volants viennent boire

Il faut voir s'ouvrir aussitôt

Les lèvres mouillées du printemps

Multitude candide

Les semelles du jour les toits sont négligeables

On les compte pour de l'ombre pour des tombes stériles

Mon paysage féminin a d'autres nids

Tremblants de rires enflammés et de délices douloureuses

D'autres fenêtres où le vent

Agite la chaleur rectangulaire dans ses draps frais

Mon paysage féminin a tous les charmes

Puisqu'il est notre paysage

Ses yeux ce sont nos yeux

Ses seins ce sont nos seins

Soigneusement dressés à se confondre

Un bas plus haut que l'autre nuage c'est le nôtre

Ta nudité lumière me dénude

Il n'y a pas un doigt de mon corps loin de toi

Je ne peux pas abattre la nature entière

Une palme convenue

Se débat sous les pieds de la passante involontaire
Pendant que le moulin des fruits piétine la fleur sa servante.

Puis le fruit défloré

Une femme qui se retourne lasse et lente

Nuit après nuit dans tous mes rêves

La vie imposée par la nuit

Une femme qui prend sa source dans mon sommeil

Mon vœu d'aimer

Mon désir de ne pas changer

Elle est le poids perdu des ailes

L'étoile qui ne s'efface qu'au point mort de la flèche.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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