Dans le noir, dans le soir sera sa mémoire dans ce qui souffre, dans ce qui suinte dans ce qui cherche et ne trouve pas dans le chaland de débarquement qui crève sur la
grève dans le départ sifflant de la balle traceuse dans l'île de soufre sera sa mémoire.
Dans celui qui a sa fièvre en soi à qui n'importent
les murs
Dans celui qui s'élance et n'a de tête que contre
les murs dans le larron non repentant dans le faible à jamais récalcitrant dans le porche éventré sera sa mémoire.
Dans la route qui obsède dans le cœur qui cherche sa plage dans l'amant que son corps fuit dans le voyageur que l'espace ronge.
Dans le tunnel
dans le tourment tournant sur lui-même
dans l'impavide qui ose froisser le cimetière.
Dans l'orbite enflammée des astres qui se heurtent
en éclatant dans le vaisseau fantôme, dans la fiancée flétrie dans la chanson crépusculaire sera sa mémoire.
Dans la présence de la mer dans la distance du juge dans la cécité dans la tasse à poison.
Dans le capitaine des sept mers
dans l'âme de celui qui lave la dague
dans l'orgue en roseau qui pleure pour tout un
peuple dans le jour du crachat sur l'offrande.
Dans le fruit d'hiver
dans le poumon des batailles qui reprennent
dans le fou dans la chaloupe
Dans les bras tordus des désirs à jamais inassouvis sera sa mémoire.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012