Après ces cris, ces hurlements, ces imprécations orantes...
Une seule, un seul vœu : à ton image,
Thibet ; sur le plan des châteaux surnaturels
Laisse-moi bâtir et orner la petite chambre que tout homme bâtit en lui-même.
Ou — brute populaire — ne bâtit pas.
Moins haute que le
Potala, qu'elle soit bâtie sur son arête...
Au dedans, — beurrée de douceurs, copieuse et sucrée, mijotante et mystiquement mûre,
Avec des recès plus noirs et plus riches, — l'éclat des coups sur l'œil fermé, le jaillissement...
Avec son orchestre de voix mélopéennes, — mais amoureuses, rugissantes au seul démon d'amour
Avec des conjurations dépeçantes pour mes ennemis
Qu'ils soient, ceux-là, mis en pièces !...
Que la demeure de mon âme devienne cette hymne
Thibétaine !
Mais au dehors, les fenêtres et le toit pur...
S'ouvrent tout grand sur tes abîmes
Tes vallons, tes creux, la carrure de ce pays,
Que du bout de mes doigts écrivant, mais frémissant de paroles pulpées
De mes deux mains saisissant et secouant ton immense sujet, pays de
Bod
J'ai tenté d'enlacer en
Poème, cet hymne exutoire...
D'autres parmi les hommes, ont choisi leurs dieux parmi les hommes !
Et !
Thibet, c'est dans la face de la
Terre
Que choisissant son visage le plus majestueux, le plus expressif,
Je t'ai fait.
Pèlerin découragé, la
Hauteur, le
Symbole, — le
Dieu.
Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012