Scandale de ces œillets cramoisis À
Ventrée du jardin tôt ce matin
Quand le fuyant vent prétend rouvrir
Une faille dans ma volonté
Viens ma veinée, mon aile de vulcain
Approche de mon cœur ton souffle
Au lieu de ce vent mouillé d'octobre
Viens avec les œillets de ton souffle sur mon souffle
Calme ma pensée à cette forge
Ne passe pas, ô
Passagère
Demeure un temps sur ma poitrine au lieu du vent
Et que le brasier de tes bras
Le feu frais de ton âme
Brûlent mon souffle au-devant de la pluie
Mon âme aux feux d'octobre
Dans la terre des passants et des ancêtres
Viens ma veinée, mon battement d'ailes
Mon vulcain couleur de flamme rose
Approche de ma bouche une diaprure
Sur la vieille terre des ancêtres
Donne-moi ta bouche fraîche comme
une petite cendre luisante
Donne-moi ton cœur humide au lieu de la pluie pourrie
Appuie un corps léger sur toute parole
que je pourrais dire
Enferme-moi dans ton corps et dans ta pensée
Je n'ai pas d'autre naissance que toi
Si tu me rends ceux de ma race et leur histoire avant moi
Je n'ai d'autre origine que toi
Que ce feu mouillé dans ton secret de tombe
et de ciel
O appelée
Frange de feu devant la nuit
Donne un grand coup d'aile pour faire taire
Les vieilles voix de la mort
Viens ma veinée, ma respirante
Viens mon vulcain de toute ta forge
Approche de mes yeux ton souffle
Chasse de mon cœur le démon du
Passage
Viens avec les œillets de ta bouche
sur mes os mortels
Avec le parfum matinal de ton âme dans mon âme
Il n'y a pas de mort pour celui dont tu te souviens
Entonne un chant au fond de ma poudre
Dresse-toi devant mes yeux comme les œillets
de ce matin au jardin
Donne un coup d'aile pour abolir
le vent désert
Tu sais qu'ainsi je reviendrai
Sans plus d'instant ni de fuite
Ni d'appels vers tant d'autres songes
Peut-être parce que tu es le seul
Songe
Dans ton grand battement immobile
Et le silence de ton air
Lumière de ces œillets cramoisis à l'aube
Comme des braises devant le vide
Quand le fuyant vent
Maintenant désencombre ma pensée
Et toi vulcain disparaissant au vent d'octobre
Je t'envie et je t'aime!
J'aime tes ailes fières dans la buée
Et la rumeur par toi de la
Parole
Sous tant de mots avec les morts
Dans la fraîche terre qui remue et qui parle à leur
souffle
Avec les alliances du corps
au-delà du corps
Et leur musique d'ombre charnelle dans les arbres
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012