Grignotées par les rats
nos chaînes peut-être tomberont en poussière
mais jamais celles de la passion sinistre dont nous
sommes esclaves charpentes vouées aux fers à la tyrannie profonde des mots et des tatouages de
hasard
Figurations emblématiques qui capturez notre destin
et le faites s'emboîter de force dans des schémas
nos poitrines soulèvent en respirant vos lanières gravées
filets moins tendres à la peau que les paroles amoureuses
lorsque pareilles aux cordes enfantines qui font tourner et chanter les toupies
les phrases s'enroulent
et accélèrent les mouvements du cœur
Il était une fois
une rose espagnole sur l'épaule d'un forçat
Un sang rosé coulait à travers la pulpe de la rose une tige mince et courbe reliait son palais de pétales
au sang d'une bouche un peu au-dessous du palais noir d'un peigne planté
dans la chevelure
Cette rose devint aiguë marine sitôt la galère sombrée
Il est des heures
mieux vaudrait être galériens qu'être où nous sommes
Nous roulons nous tanguons pareils aux autres hommes mais un boulet imaginaire de métal rouge nous parcourt des chevilles aux yeux plus consternant que des hoquets d'ivrogne
Toutefois
un jour sera
où les épines déchireront les fouets
Sacher-Masoch et
Sade s'étant donné la main
dessinés sur le dos d'un marin
Les échines nues danseront
puis d'un seul coup les boulets éclateront
astres noirâtres gonflés par le pus d'une blessure trop
ardente caillots d'espace désentravés qui tueront
Dieu et les
siècles à venir
en dépit des chiourmes rationnelles et des syntaxes bariolées
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012