Au milieu de la demeure, au fond de la haute maison, il y avait un laurier :
son feuillage sacré fut sauvegardé scrupuleusement de longues années.
Le vénérable Latinus, dit-on, l'avait trouvé lors de la fondation de sa citadelle;
il le consacra à Phébus et d'après lui nomma son peuple les "Laurentes".
Des abeilles en rangs serrés (récit étonnant !),
en un intense bourdonnement, traversèrent l'éther limpide,
et se posèrent tout en haut du laurier;
et, aussitôt que leurs pattes se furent entremêlées,
un essaim se suspendit à un rameau verdoyant.
Tout de suite le devin dit : "Je vois un étranger,
un homme qui s'avance, et, venant du même côté,
une armée tend vers ce même endroit, et domine au sommet de la citadelle".
En outre, pendant qu'elle allumait près des autels de chastes torches,
debout près de son père, on a vu (ô horreur !) le feu saisir
les longs cheveux de la jeune Lavinia,
et sa parure brûler sous les flammes crépitantes.
La royale chevelure s'embrase, et la couronne de pierres précieuses.
Alors, entourée de fumée, dans un halo de lumière fauve,
elle répand Vulcain dans toute la demeure.
En vérité, on présenta cela comme une vision effrayante, et étonnante :
Lavinia serait en grand renom, prophétisait-on; elle aurait un illustre destin;
mais pour le peuple, cela présageait une longue guerre.
Mais le roi, soucieux devant ces prodiges, recourt à l'oracle de son père,
le devin Faunus; il s'en va consulter les bois sacrés, au pied de la source sainte,
l'altière Albunée, qui résonne dans l'immensité de la forêt,
et qui exhale dans l'obscurité une sauvage odeur de soufre.
Poème publié et mis à jour le: 11 November 2019