Poèmes

Le Vent Triste...

par Francis Jammes

Francis Jammes

Le vent triste souffle dans le parc, comme dans un livre que je lus enfant, où une écolière perdue était hagarde.
Le vent.

Il va casser, peut-être, le tulipier.
Il fait voir le dessous des feuilles blanc du vernis du
Japon qu'il semble essuyer, le vent.

Le baromètre est descendu subitement.
Peut-être que ça va être un ouragan.
Il ne peut pas pleuvoir, mais on entend le vent.

Dans les livres de prix, monsieur et madame d'Arvan reviendraient en pressant le pas chez eux, vers un château tout bleu malgré le mauvais temps.
Le vent.

Sortez de ma tête, ô manoirs moisissants où devaient se passer d'étranges adultères, par les temps tristes, en
Angleterre.
Le vent.

Sortez de ma tête, gentilles écolières qui jouiez à cache-cache dans la clairière, et reveniez vers le grenier sombre, à cause du grand vent.

Sortez de ma tête, vieux marquis des villes qui, dans les maisons pluvieuses, lisiez
Virgile dans des fauteuils à oreillettes, par des temps de vent.

Sors de ma tête, ma douce tristesse, et va-t'en vers le coteau fané, va-t'en où va, sur un air un peu
Chateaubriand, le vent.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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