Poèmes

Labour

par Michel Butor

La charrue tourne au bout du champ

pour gratter la peau de la Terre

autrefois tirée par chevaux ou boeufs

aujourd'hui par moteur diesel

La phrase sursaute au bout de la ligne

pour frictionner le cuir du cerveau

autrefois tracée par calame ou plume

aujourd'hui par ordinateur

L'encre et la boue mots et semences

conjonctions et conjugaisons

ici l'on arrache un caillou

là on supprime une coquille

Le jeune oiseau migrateur cherche

les marais au bas des montagnes

il préfère l'abri des ombres

pour glaner aux chaumes d'antan

Mais au détour de la saison

le voici sur l'autre versant

s'égosillant dans la moisson

qui fait bourdonner les déserts

Toute une page de sillons

hectares de médiation

découvrant les faces cachées

de l'astre que nous habitons

Repos et repas bien gagnés

les outils rangés dans les granges

l'ange nous ouvre les celliers

où fermentent grappes et strophes

Dans le sommeil définitif

nous naviguerons plus profond

entre les sédimentations d'oubli

et le soc des germinations



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

Lettre d'Informations

Abonnez-vous à notre lettre d'information mensuelle pour être tenu au courant de l'actualité de Poemes.co chaque début de mois.

Nous Suivre sur

Retour au Top