Tandis qu'enveloppé des ténèbres premières,
Brahma cherchait en soi l'origine et la fin,
La Mâyâ le couvrit de son réseau divin,
Et son coeur sombre et froid se fondit en lumières.
Aux pics du Kaîlaça, d'où l'eau vive et le miel
Filtrent des verts figuiers et des rouges érables,
D'où le saint Fleuve verse en courbes immuables
Ses cascades de neige à travers l'arc-en-ciel ;
Parmi les coqs guerriers, les paons aux belles queues,
L'essaim des Apsaras qui bondissaient en choeur,
Et le vol des Esprits bercés dans leur langueur,
Et les riches oiseaux lissant leurs plumes bleues ;
Sur sa couche semblable à l'écume du lait,
Il vit Celui que nul n'a vu, l'Âme des âmes,
Tel qu'un frais nymphéa dans une mer de flammes
D'où l'Être en millions de formes ruisselait :
Hâri, le réservoir des inertes délices,
Dont le beau corps nageait dans un rayonnement,
Qui méditait le monde, et croisait mollement
Comme deux palmiers d'or ses vénérables cuisses.
De son parasol rose, en guirlandes, flottaient
Des perles et des fleurs parmi ses tresses brunes,
Et deux cygnes, brillants comme deux pleines lunes,
Respectueusement de l'aile l'éventaient.
Sur sa lèvre écarlate, ainsi que des abeilles,
Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012