Poèmes

Thestylis

par Charles Marie Rene Leconte de Lisle

Charles Leconte de Lisle

Aux pentes du coteau, sous les roches moussues,
L'eau vive en murmurant filtre par mille issues,
Croît, déborde, et remue en son cours diligent
La mélisse odorante et les cailloux d'argent.
Le soir monte : on entend s'épandre dans les plaines
De flottantes rumeurs et de vagues haleines,
Le doux mugissement des grands boeufs fatigués
Qui s'arrêtent pour boire en traversant les gués,
Et sous les rougeurs d'or du soleil qui décline
Le bruit grêle des pins au front de la colline.
Dans les sentiers pierreux qui mènent à la mer,
Rassasié de thym et de cytise amer,
L'indocile troupeau des chèvres aux poils lisses
De son lait parfumé va remplir les éclisses ;
Le tintement aigu des agrestes grelots
S'unit par intervalle à la plainte des flots,
Tandis que, prolongeant d'harmonieuses luttes,
Les jeunes chevriers soufflent aux doubles flûtes.
Tout s'apaise : l'oiseau rentre dans son nid frais ;
Au sortir des joncs verts, les Nymphes des marais,
Le sein humide encor, ceintes d'herbes fleuries,
Les bras entrelacés, dansent dans les prairies.
C'est l'heure où Thestylis, la vierge de l'Aitna,
Aux yeux étincelants comme ceux d'Athana,
En un noir diadème a renoué sa tresse,
Et sur son genou ferme et nu de chasseresse,
A la hâte, agrafant la robe aux souples plis,



Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012

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