Tout à l'heure j'ai bu de l'eau d'Évian
En me rappelant cette nuit à l'Hôtel de la
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C'était beau la tapisserie déchirée les moisissures
Et la baignoire qui sentait la vieille bouche
Une baignoire métaphysique n'était-ce pas?
Un lieu presque d'épouvantement
Si tu t'ouvris soudain au centre du lit
Ecartant tes lèvres et disant mange
Un mets enfin digne de toi
ce lard du déjeuner était trop lourd
Et bois
l'Êvian était trop froide
Trop pleine de souvenirs enfantins de traversées
sur le vapeur blanc
Quand le lac vert bougeait sous la montagne
Dans le globe du paysage rassemblé en seule
goutte de pluie une boule
Irisée et opaque du présent et de l'avenir
Jusqu'à cette chambre ô mange et bois
nourris-toi d'une nourriture enfin translucide
Voilà ce que disait ta bouche saliveuse à ce moment-là
Mais bouche en anneau de perles
Chambre devenue névé ou palais de glace
Ou verrière si le sexe ouvert d'une très belle assiette lente à irradier
Telle vaisselle non fatiguée et l'air bouge
À la peau du beau récipient
ô bouche de
Hedera dans la chambre
Flamme orale du crépuscule
Comme avant le poème assemble
Les images des images
L'ocelle et l'onde au fond du corps
L'œil devançant la mémoire
Au pli du fond amour odeur de mort
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012