L'âne était petit et plein de pluie et tirait la charrette qui avait passé la forêt.
La femme, sa petite fille, et le pauvre âne faisaient leur devoir doux, puisque dans le village ils vendaient pour le feu le bois des fruits du pin.
La femme et la petite fille auront du pain qu'elles mangeront dans leur cuisine, ce soir, près du feu que la chandelle rendra plus noir.
Voici
Noël.
Elles ont des figures douces comme la pluie grise qui tombe sur la mousse.
L'âne doit être le même âne qu'à la crèche qui regardait
Jésus dans la nuit noire et fraîche : car rien ne change et s'il n'y a pas d'étoile, cette nuit, qui mène à
Jésus les mages vieux, c'est que cette comète au tremblement d'eau bleue pleure la pluie.
C'était aussi simple autrefois, quand les anges chantaient dans la paille du toit; sans doute que les étoiles étaient des cierges comme ceux qu'il y a aujourd'hui près des
vierges
et, sans doute, comme aujourd'hui les gens sans or,
que
Jésus, sa
Mère et
Joseph étaient des pauvres.
Il y a cependant nous autres qui changeons
si rien ne change. —
Et ceux qu'aime bien le bon
Dieu,
comme autrefois aussi sous l'étoile d'eau bleue,
c'est les ânes très doux aux oreilles bougeantes,
avec leurs jambes minces, roides et tremblantes,
et les paysannes douces et naïves du matin
qui vendent pour le feu le bois des fruits du pin.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012