Poèmes

Vieille Maison...

par Francis Jammes

Francis Jammes

Neige endolorissante et morne, tu déroules
Ta nappe liliale au toit cher que je sais,
Neige endolorissante, ô neige qui t'écroules!

Et la maison vieillotte aux carreaux verts cassés
A des airs de jeunesse et de pâle frileuse
Et ne se souvient plus des contes jacasses :

Des contes jacasses, au soir, par la fileuse,
En la cuisine antique où le pot noir chantait
Au rauque dévidoir sa chanson douce et creuse.

La chandelle en résine en un coin crépitait.

Près de la plaque en fer, les cris-cris aux cris grêles

S'enfuyaient dans la suie et le matou grondait.

Maintenant, dans le vieux salon, les herbes frêles,

Les avoines ornant les vases surannés,

Ne se souviennent plus des champs fauchés des grêles :

Et des plumes de paon, des bimbelots fanés,
Sont là qu'un bisaïeul rapporta de la
Chine
D'où, jadis, bien des gens revinrent ruinés.

Comme alors un gros chat plie en arc son échine
Et cligne en grommelant de longs yeux mordorés —
Et miaule, et l'on voit une expression fine

En les blancs, solennels regards des hauts portraits.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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