Poèmes

Kôyasan

par Claude Michel Cluny

Très haut, très loin perché vous trouverez un peuple de pierre, un peuple gris entassé sous les cryptomères et la fougère géante. Peuple impavide et froid qui
ne se remue pas. Ou ne se remue plus. Définitif. Assis aux marches de l'infini. Qu'il se couche ou qu'il se brise, cela n'est plus de son fait. On le croirait occupé à
mâcher, puis à recracher la brume, indifférent aux désordres de ses assises et au tumulte du monde. Mais la seule voix des gongs — bulles cuivrées qui montent du
fond des années et viennent mourir ici dans le silence —, la voix des gongs parle-t-elle seulement du monde ?

On accède à leur domaine par une vallée que borne l'inutilité de lanternes vides et d'autels sans offrande. La pensée par là nourrit de grands corbeaux pouilleux.
Ils volent pour elle. Ils lui rapportent, dociles, en partage, la paille et l'écorce insanes de l'en-delà.



Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012

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