Poèmes

Houle

par Jules Supervielle

Jules Supervielle

Vous auberges et routes, vous ciels en jachère,
Vous campagnes captives des mois de l'année,
Forêts angoissées qu'étouffe la mousse,
Vous m'éveillez la nuit pour m'interroger,
Voici un peuplier qui me touche du doigt,
Voici une cascade qui me chante à l'oreille,
Un affluent fiévreux s'élance dans mon cœur,
Une étoile soulève, abaisse mes paupières
Sachant me déceler parmi morts et vivants
Même si je me cache dans un herbeux sommeil
Sous le toit voyageur du rêve.

Depuis les soirs apeurés que traversait le bison
Jusqu'à ce matin de mai qui cherche encore sa joie
Et dans mes yeux mensongers n'est peut-être qu'une

fable,
La terre est une quenouille que filent lune et soleil
Et je suis un paysage échappé de ses fuseaux,

Une vague de la mer naviguant depuis
Homère
Recherchant un beau rivage pour que bruissent

trois mille ans.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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