Poèmes

Hommage a Guillaume Apollinaire

par Blaise Cendrars

Blaise Cendrars

Le pain lève

La
France

Paris

Toute une génération

Je m'adresse aux poètes qui étaient présents

Amis

Apollinaire n'est pas mort

Vous avez suivi un corbillard vide

Apollinaire est un mage

C'est lui qui souriait dans la soie des drapeaux aux fenêtres

Il s'amusait à vous jeter des fleurs et des couronnes

Tandis que vous passiez derrière son corbillard

Puis il a acheté une petite cocarde tricolore

Je l'ai vu le soir même manifester sur les boulevards

Il était à cheval sur le moteur d'un camion américain et brandissait un énorme drapeau international déployé comme un avion

VIVE
LA
FRANCE

Les temps passent

Les années s'écoulent comme des nuagesLes soldats sont rentrés chez eux

A la maison

Dans leur pays

Et voilà que se lève une nouvelle génération

Le rêve des mamelles se réalise!

Des petits
Français, moitié anglais, moitié nègre, moitié

russe, un peu belge, italien, annamite, tchèque
L'un à l'accent canadien, l'autre les yeux hindous
Dents face os jointures galbe démarche sourire
Ils ont tous quelque chose d'étranger et sont pourtant

bien de chez nous
Au milieu d'eux,
Apollinaire, comme cette statue du
Nil,

le père des eaux, étendu avec des gosses qui lui coulent

de partout
Entre les pieds, sous les aisselles, dans la barbe
Ils ressemblent à leur père et se départent de lui
Et ils parlent tous la langue d'Apollinaire

Paris, novembre 1918.



Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012

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