Poèmes

Garnisons

par Dominique Pagnier

Instituée dès l'origine par très haute volonté du Ciel, et d'un pur mouvement de création animale, l'odeur sombre de venaison dont était marqué le corps des
filles en ses endroits les plus précieux faisait rêver des hommes qui se le décrivaient le soir dans les chambrées des casernes à l'Est. Et ils usaient d'images
malheureuses où il était question de choses juives et d'un serpent crucifié et pourrissant pour le salut de l'Exode.

À ces moments faisait suite un silence et, tout en haut des fenêtres, un seul carreau résumait dans son bleu perdu les jours de souffrance et les hommes espéraient en la
venue d'une plus abîmée pour la seule contemplation de leur âme.

Celle-là n'en était alors qu'à sa pénitence lavant de ses chagrins les pieds de son seigneur dont elle ornait les chevilles d'une dentelle de sel.

Seule la nuit des usines rachetait les plus travailleuses dont la sueur tournait à l'aigre au creux des muscles formés par la tâche et selon sainte raison des industries.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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