Soir de Province, Dominique Pagnier
Poèmes

Soir de Province

par Dominique Pagnier

Parce qu'enfin va être choisie entre toutes les femmes celle qui anéantira la forme volatile de Dieu en lui donnant un corps putrescible, les hommes fatigués éprouvent
certain soir le dégoût de la chair.

Les appelés au sortir du bordel ont les pieds parfumés d'une larme précieuse; à cause de sa douceur, ils l'appellent la dentelle de Jésus.

Pendus derrière les portes des meublés, les habits marqués de sel et d'urée donnent à reconnaître les endroits de la peine : aines et aisselles, reins et poitrines
prouvant la participation du peuple à des travaux d'Amour.

Un garçon venu des Vosges se fait écrire à l'encre bleue sur le torse toute une chiennerie sentimentale.

Ainsi vient l'heure où sous la candeur lunaire toute chair paraît étrange.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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