Comme à celui en qui plus fort j'espère,
Et que je tiens pour père et plus que père,
A vous me plains par cet écrit léger
Que je ne puis de
Paris déloger,
Et si en ai vouloir tel comme il faut...
Mais quoi ?
C'est tout : la reste me défaut,
J'entends cela qui m'est le plus duisant.
Mais que me vaut d'aller tant devisant ?
Venons au point : vous savez, sans reproche,
Que suis boiteux, au moins comment je cloche :
Mais je ne sais si vous savez comment
Je n'ai cheval , ne mule, ne jument.
Parquoi,
Monsieur, je le vous fais savoir,
A celle fin que m'en fassiez avoir ;
Ou il faudra (la chose est toute seure)
Que voise à pied, ou bien que je demeure.
Car en finer je ne m'attends d'ailleurs.
Raison pourquoi?
Il n'est plus de bailleurs,
Sinon de ceux lesquels dormiraient bien.
Si vous supplie, le très cher seigneur mien,
Baillez assez, mais ne veuillez dormir.
Quand
Désespoir me veut faire gémir,
Voici comment bien fort de lui me moque : «
O
Désespoir, crois que sous une rocque,
Rocque bien ferme, et pleine d'assurance,
Pour mon secours est cachée
Espérance :
Si elle en sort, te donnera carrière,
Et pourec donc recule-toi arrière. »
Lors
Désespoir s'en va saignant du nez.
Mais ce n'est rien, si vous ne l'échinra ;
Car autrement jamais ne cessera
De tourmenter le bourgeon, qui sera loujours bourgeon, sans
Raisin devenir,
S'il ne vous plaît de lui vous souvenir.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012