Poèmes

Épitre au Roi

par Clément Marot

En m'ébattant je fais rondeaux en rime,
Et en rimant bien souvent je m'enrime ;
Bref, c'est pitié d'entre nous rimailleurs.
Car vous trouvez assez de rime ailleurs,
Et quand vous plaît, mieux que moi, rimassez
Des biens avez et de la rime assez :
Mais moi, à tout ma rime et ma rimaille,
Je ne soutiens, dont je suis marri, maille.

Or ce me dit, un jour, quelque rimart :
Viens ça,
Marot, trouves-tu en rime art
Qui serve aux gens, toi qui as rimasse ?
Oui vraiment, réponds-je,
Henri
Macé ;
Car vois-tu bien, la personne rimante
Qui au jardin de son sens la rime ente,
Si elle n'a des biens en rimoyant,
Elle prendra plaisir en rime oyant ;
Et m'est avis que, si je ne rimois,
Mon pauvre corps ne serait nourri mois,
Ni demi jour : car la moindre rimette
C'est le plaisir, où faut que mon ris mette

Si vous supplie qu'à ce jeune rimeur
Fassiez avoir un jour par sa rime heur
Afin qu'on die, en prose ou en rimant : «
Ce rimailleur qui s'allait enrimant
Tant rimassa, rima et rimonna
Qu'il a connu quel bien par rime on a. »



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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