Poèmes

En Route pour Dakar

par Blaise Cendrars

Blaise Cendrars

L'air est froid
La mer est d'acier

Le ciel est froid

Mon corps est d'acier

Adieu
Europe que je quitte pour la première fois depuis

1914
Rien ne m'intéresse plus à ton bord pas plus que les

émigrants de l'entrepont juifs russes basques espagnols

portugais et saltimbanques allemands qui regrettent

Paris

Je veux tout oublier ne plus parler tes langues et coucher avec des nègres et des négresses des indiens et des indiennes des animaux des plantes

Et prendre un bain et vivre dans l'eau

Et prendre un bain et vivre dans le soleil en compagnie d'un gros bananier

Et aimer le gros bourgeon de cette plante

Me segmenter moi-même

Et devenir dur comme un caillou

Tomber à pic

Couler à fond



Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012

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