Amour me fait écrire au mois de mai
Nouveau refrain, par lequel vous nommai.
Comme savez, la plus belle de
France.
Mais je faillis : car, vue la suffisance
De la beauté, qui dessus vous abonde,
Dire devais, la plus belle du monde.
Ce qui en est et qu'on en voit m'accuse
De telle faute, et votre amour m'excuse.
Qui troubla tant mes douloureux esprits,
Que
France alors pour le monde je pris.
O donques vous, du monde la plus belle,
Ne cachez par un cœur dur er rebelle
Sous telle beauté : ce serait grand dommage.
Mais à mon cœur, qui vous vient faire hommage.
Faites recueil, je vous en fait présent.
Voyez-le bien ; il est, certes, exempt
De faux penser, feintise ou trahison :
Il n'a sur lui faute ni méprison1,
En lui ne sont aucunes amours vaines.
Tout ce qu'il a de mauvais, ce sont peines,
Qui de par vous y ont été boutées,
Et qui sans vous n'en peuvent être ôtées.
Si vous supplie, m'amie et mon recours,
Belle, en qui gît ma mort ou mon secours.
Prenez mon cœur, que je vous viens offrir,
Et s'il est faux, faites-le bien souffrir ;
Mais, s'il est bon et de loyale sorte,
Arrachez-lui tant de peines qu'il porte
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012