Si ta promesse amoureusement faite
Etait venue à fin vraie et parfaite,
Crois (chère sœur) qu'en ferme loyauté
Je servirais ta jeunesse et beauté,
Faisant pour toi de corps, d'esprit et d'âme
Ce que servant peut faire pour sa dame.
Je ne dis pas que de ta bouche sorte
Mot qui ne soit de véritable sorte ;
Mais quand à l'œil vois ta belle stature
Et la grandeur d'une telle aventure
Qui ne se peut mériter bonnement,
Je ne saurais croire qu'aucunement
Je puisse atteindre à un si haut degré,
S'il ne me vient de ta grâce et bon gré.
Puisque ton cœur me veux donc présenter,
Et qu'il te plaît du mien te contenter,
Je loue
Amour.
Or évitons les peines,
Dont les amours communément sont pleines :
Trouvons moyen, trouvons lieu et loisir
De mettre à fin le tien et mien désir.
Voici les jours de l'an les plus plaisants.
Chacun de nous est en ses jeunes ans :
Faisons donc tant que la fleur de notre âge
Ne suive point de tristesse l'outrage ;
Car temps perdu et jeunesse passée
Etre ne peut par deux fois amassée.
Le tien office est de me faire grâce,
Le mien sera d'aviser que je fasse
Tes bons plaisir : et sur tout regarder
Le droit chemin pour ton honneur garder.
Si te supplie que ta dextre m'annonce
De cet écrit la finale réponse,
A cette fin que ton dernier vouloir
Du tout me face réjouir ou douloir.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012