Poèmes

D'un Qu'on Appelait Frère Lubin

par Clément Marot

Pour courir en poste à la ville,
Vingt fois, cent fois, ne sais combien :
Pour faire quelque chose vile,
Frère
Lubin le fera bien.
Mais d'avoir honnête entretien
Ou mener vie salutaire,
C'est à faire à un bon chrétien.
Frère
Lubin ne le peut faire.

Pour mettre (comme un homme habile)
Le bien d'autrui avec le sien,

Et vous laisser sans croix ne pile,

Frère
Lubin le fera bien.

On a beau dire : « je le tien »,

Et le presser de satisfaire,
Jamais ne vous en rendra rien.

Frère
Lubin ne le peut faire.

Pour débaucher par un doux style
Quelque fille de bon maintien,
Point ne faut de vieille subtile,
Frère
Lubin le fera bien.
Il prêche en théologien,
Mais pour boire de belle eau claire,
Faites-la boire à votre chien,
Frère
Lubin ne le peut faire.

ENVOI

Pour faire plus tôt mal que bien,
Frère
Lubin le fera bien :

Et si c'est quelque bon affaire,
Frère
Lubin ne le peut faire.



Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017

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