Poèmes

Contre celle qui Fut S'amie

par Clément Marot

Amitié

Un jour récrivis à m'amie.
Son inconstance seulement,
Mais elle ne fut endormie
A me le rendre chaudement ;
Car dès l'heure tint parlement
A je ne sais quel
Papelard,
Et lui a dit tout bellement : «
Prenez-le, il a mangé le lard. »

Lors six pendards ne faillent mie
A me surprendre finement,
Et de jour, pour plus d'infamie
Firent mon emprisonnement.
Il vinrent à mon logement,
Lors ce va dire un gros paillard : «
Par là morbieu voilà
Clément,
Prenez-le, il a mangé le lard. »

Or est ma cruelle ennemie
Vengée bien amèrement.
Revenge n'en veux, ni demie.
Mais quand je pense, voirement
Elle a de l'engin- largement,
D'inventer la science et l'art
De crier sur moi hautement : «
Prenez-le, il a mangé le lard. »

ENVOI

Prince qui n'eût dit plainement4
La trop grand'chaleur dont elle ard,
Jamais n'eût dit aucunement : «Prenez-le, il a mangé le lard. »



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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