Contrastes, Blaise Cendrars
Poèmes

Contrastes

par Blaise Cendrars

Blaise Cendrars

Les fenêtres de ma poésie sont grand'ouvertes sur les

boulevards et dans ses vitrines
Brillent

Les pierreries de la lumière Écoute les violons des limousines et les xylophones des

linotypes

Le pocheur se lave dans ressuie-main du ciel
Tout est taches de couleur

Et les chapeaux des femmes qui passent sont des comètes dans l'incendie du soir

L'unité

Il n'y a plus d'unité

Toutes les horloges marquent maintenant 24 heures

après avoir été retardées de dix minutes
Il n'y a plus de temps.
Il n'y a plus d'argent.
A la
Chambre
On gâche les éléments merveilleux de la matière première

Chez le bistro

Les ouvriers en blouse bleue boivent du vin rouge

Tous les samedis poule au gibier
On joue
On parie

De temps en temps un bandit passe en automobile
Ou un enfant joue avec l'Arc de
Triomphe...
Je conseille à
M.
Cochon de loger ses protégés à la
Tour
Eiffèl

Aujourd'hui

Changement de propriétaire

Le
Saint-Esprit se détaille chez les plus petits boutiquiers

Je lis avec ravissement les bandes de calicot

De coquelicot

U n'y a que les pierres ponces de la
Sorbonne qui ne sont jamais fleuries

L'enseigne de la
Samaritaine laboure par contre la
Seine

Et du côté de
Saint-Séverin

J'entende

Les sonnettes acharnées des tramways

Il pleut les globes électriques

Montrouge
Gare de l'Est
Métro
Nord-Sud bateaux-mouches monde

Tout est halo

Profondeur

Rue de
Buci on crie
L'Intransigeant et
Paris-Sports

L'aérodrome du ciel est maintenant, embrasé, un tableau de
Cimabue

Quand par devant

Les hommes sont



Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012

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