Poèmes

Conseil au Sujet des Pins

par Henri Michaux

Henri Michaux

Un bruit monotone ne calme pas nécessairement.
Une foreuse ne calme personne, sauf peut-être le contremaître.
Néanmoins, c'est dans les bruits monotones que vous avez le plus de chance de trouver le calme.

Ce qu'il y a d'agréable dans le bruit du vent soufflant sur une forêt de pins, c'est que ce bruit n'a aucune arête, il est rond.
Mais il n'a rien de glauque. (Ou bien calme-t-il parce qu'il nous induit à imaginer un être considérable et débonnaire, incapable de sortir absolument de ses gonds?)

Cependant, il ne faut pas trop regarder la cime des pins secoués par grand vent.
Car si l'on venait à s'imaginer assis sur leur faîte, dans un tel balancement, l'on pourrait et bien plus naturellement que se trouvant sur une balançoire ou dans un ascenseur,
à cause de ce bizarre et superbe mouvement là-haut, se sentir emporté, et, quoique s'efforçant de ne pas y songer, bien éloigné pour sûr de vouloir
méditer ce balancement, on en est sans cesse occupé, on se sent toujours au sommet vacillant d'un pin, on ne peut plus redescendre à terre.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

Lettre d'Informations

Abonnez-vous à notre lettre d'information mensuelle pour être tenu au courant de l'actualité de Poemes.co chaque début de mois.

Nous Suivre sur

Retour au Top