Poèmes

Chant Royal de la Conception

par Clément Marot

Lorsque le
Roi, par haut désir et cure,

Délibéra d'aller vaincre ennemis,

Et retirer de leur prison obscure

Ceux de son ost à grands tourments soumis,

Il envoya ses fourriers en
Judée
Prendre logis sur place bien fondée :
Puis commanda tendre en forme facile
Un pavillon pour exquis domicile,
Dedans lequel dresser il proposa
Son lit de camp, nommé en plein concile
La digne couche où le
Roi reposa.

Au pavillon fut la riche peinture,

Montrant par qui nos péchés sont remis :
C'était la nue, ayant en sa clôture
Le jardin clos à tous humains promis,
La grand cité des hauts deux regardée,

Le lys royal, l'olive collaudée,
Avec la tour de
David immobile.
Parquoi l'Ouvrier sur tous le plus habile
En lieu si noble assit et apposa (Mettant en fin le dit de la
Sibylle)

La digne couche où le
Roi reposa.

D'antique ouvrage a composé
Nature
Le bois du lit, où n'a un point omis :
Mais au coussin plume très blanche et pure
D'un blanc colomb le grand
Ouvrier a mis.

Puis
Charité, tant quise et demandée,
Le lit prépare avec
Paix accordée :
Linge très pur dame
Innocence file,
Divinité les trois rideaux enfile,
Puis à l'entour les tendit et posa,

Pour préserver du vent froid et mobile
La digne couche où le
Roi reposa.

Aucuns ont dit noire la couverture :
Ce qui n'est pas, car du
Ciel fut transmis
Son lustre blanc, sans autre art de teinture;
Un grand
Pasteur l'avait ainsi permis :
Lequel jadis par grâce concordée

De ses agneaux la toison bien gardée
Transmit au clos de
Nature subtile,
Qui une en fit, la plus blanche et utile
Qu'oncques sa main tissut ou composa ;
Dont elle orna (outre son commun style)
La digne couche où le
Roi reposa.

Pas n'eut un ciel fait à frange et figure

De fins damas, sargeltes ou samis.
Car le haut ciel, que tout rond on figure,

Pour telle couche illustrer fut commis.

D'un tour était si précieux bordée,

Qu'oncques ne fut de vermine abordée.

N'est-ce donc pas d'humanité fertile Œuvre bien fait ?
Vu que l'Aspic hostile,

Pour y dormir, approcher n'en osa ?

Certes si est, et n'est à lui servile

La digne couche où le
Roi reposa.

ENVOI

Prince, je prends, en mon sens puérile,
Le pavillon pour sainte
Anne stérile " :
Le
Roi, pour
Dieu, qui aux cieux repos a.
Et
Marie est (vrai comme l'Evangile)
La digne couche où le
Roi reposa.



Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017

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