Un terreau de racines mouillées
sur un sol étendant jusqu'au bout des regards
son radeau fait de planches uniformes liées par l'horizon
c'est là que pousse loin des avenues fatales et des rencontres de hasard
l'herbe brûlante des chansons
Quand nous mêlerons nos voix
jetées hors du gouffre des gorges où s'entasse le brouillard
à celles qui projettent leurs cadences spirales
colonnes à rainures torses
au-dessus de la plaine enchaînée
l'hélice des chants montera très haut en l'air
et son bourdonnement sera plus doux que celui du houblon
les jours où le vent souffle et fait trembler les perches légères
auxquelles les tiges s'enlacent
comme à un cœur s'enlace une tresse de cheveux blonds
Puis un escalier se creusera
et sa vrille secrète s'enfoncera dans la terro
nous conduisant au fond de cette caverne aux voûtes
étranges où les cendres de celles qui furent des laves très rieuses abandonnent leurs soieries embrasées leurs scories de velours pour acquérir la ténuité des
spectres
Alors le ciel vous trahira
vous qui n'aimez que la lumière
et loin des rives coutumières
vous vous perdrez dans l'océan des maux
telle est la chanson des cratères
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012