Magicien roi du grands pays,
Mes royaumes seront à vendre.
Je veux garder mes insomnies —
Le reste vous pouvez le prendre.
Fini de rire,
La fille, à tout venant.
Ne rira plus
Des petits et des grands.
Un qui passait
L'a vidée de 6on sang.
Ne rira plus,
La fille, à contretemps.
Dans la cuisine
Est son corps tout sanglant,
Comme ses deux lèvres Étaient auparavant.
A la fenêtre
Elle est morte en riant.
Façon de rire
Que de perdre du sang.
Ma fille est entrée
Pour chercher du feu
Au bout de la rue
Tout près du boucher.
Avec ou sans feu
N'est pas revenue.
Peut-être elle est bien,
Peut-être perdue.
Il était venu,
De loin, de très loin,
Pour prendre sa main.
Elle était servante
Alors et menait
Boire à l'abreuvoir.
Misère et misère,
Trop longtemps misère
A qui dit :
J'espère.
S'il n'y a pas de traces
De charrois dans le ciel,
C'est que probablement
On n'y va pas souvent,
Qu'il n'y a pas de vent
Pour y porter les gens.
Un oiseau se fait mal
A regarder le ciel.
Le gros soleil couchant
Lui fait un œil d'enfant.
Mais lui reste à son banc
Et siffle encore un temps.
Le rossignol avait chanté
Quand le métal restait caché.
Chantait, chantait le rossignol
Comme on s'étrangle à désirer,
Chantait longtemps — la lune est fille —
Comme on pardonne à trop de vie,
A trop de lune, à trop de sang,
A trop de chant pleurant merci.
Le rossignol — encore une heure —
Avait pouvoir de chavirer
L'été peut-être, la colline
Ou de passer par-dessus chant —
Quand le métal restait caché,
Quand le métal restait brimé.
Or il chantait, le rossignol,
Pour le métal qui perd sa vie,
Chantait pour lui, car c'est pareil
Métal sous terre ou gorge pleine.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012