Je n'éprouve que peine et tourment
Mais ne puis me retenir de chanter !
Je vais désormais célébrer la joie
Car il ne sert à rien de dire la douleur.
Hélas ! mon chant n'est pas d'un être aimé
Mais d'un tourmenté, d'un inquiet, égaré,
Abandonné de l'espérance,
Toujours trompé par les paroles.
Je vous assure sans mentir
Qu'Amour donne bonheur et chance.
Si je pouvais pourtant m'en départir,
J'en serais mieux que d'être roi de
France.
Mais c'est un fou de désespoir qui parle.
Plutôt mourir au souvenir de sa beauté,
De son grand sens et ses douces manières
Qu'être du monde entier proclamé le seigneur !
Heureux ne le serai jamais, je le sais bien :
Amour me hait et ma
Dame m'oublie.
Qui entreprend d'aimer pourtant
Ne redoute ni mort, ni peine, ni folie.
A ma
Dame me suis donné,
Amour l'ordonne, tel est son gré,
Ou je mourrai ou mon amie retrouverai
Ou, de ma vie, c'en sera fait de ma santé.
Le phénix cherche la bûche et le sarment
Qui le brûlent et l'arrachent à la vie :
J'ai recherché ma mort et mon tourment
Quand je l'ai vue, si de pitié je suis privé.
Dieu ! le délice de savourer sa vue !
Et la souffrance par la suite !
Le souvenir m'en fait mourir d'envie
Et de désir et de passion suis consumé.
Etonnant pouvoir de l'Amour
Qui bien et mal fait selon son plaisir !
Elle me fait trop longuement souffrir :
Raison me dit d'en ôter ma pensée.
Mais j'ai un cœur à nul autre semblable,
Toujours me dit : «
Aimez, aimez, aimez ! »
C'est sa raison, ne peut en avoir d'autre.
J'aimerai donc, ne puis m'en détourner.
Dame, pitié ! qui avez tous les dons.
Toutes qualités et grandes bontés
Sont plus en vous qu'en aucune autre.
Secourez-moi, cela vous le pouvez !
Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012