Poèmes

Chanson 3 - Chanson

par Bernart de Ventadour

Quand froide bise souffle
Parmi votre pays
Me semble que je sens
Un vent de paradis.
Pour l'amour de la belle
Vers qui penche mon cœur.
En qui j'ai mis ma foi
Et ma tendresse entière.
Je ne vois plus les autres
Tant elle me ravit !

Les grâces qu'elle m'offre
Beaux yeux, visage pur.
Sans me donner rien d'autre
M'ont à coup sûr conquis.
Pourquoi vous mentirais-je ?

Je ne suis sûr de rien
Mais ne puis renoncer. «L'homme vrai persévère
M'a-t-elle dit un jour
Seul le lâche prend peur».

Les dames, ce me semble,
Et c'est là grand péché,
Négligent trop souvent
D'aimer les vrais amants.
Je ne voudrais rien dire
Qui n'ait leur agrément.
Mais je vois avec peine
Qu'un fourbe obtient autant
D'Amour (et davantage)
Qu'un amoureux constant.

Dame que ferez-vous
De moi qui tant vous aime ?
Vous me voyez souffrir
Et mourir de désir.
Ah ! franche et noble dame
Donnez-moi donc l'espoir
Qui m'illuminera !
J'endure grands tourments.
Cela dépend de vous
Que je n'en souffre pas.

Je ne dédaigne pas

Le bien que
Dieu m'a fait.

Ne m'a-t-elle pas dit

Au jour de mon départ.

Tout net : «
Vos chants me plaisent » ?

Je voudrais que toute âme

Chrétienne eut même joie

Que j'en eus. que j'en ai.

Car mon chant ne prétend À rien qu'à la séduire.

Si elle me parle vrai
Je la croirai encore,
Sinon je ne croirai
Au monde plus personne !



Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012

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