Je chanterais bien volontiers,
Mais il m'ennuie de répéter
Que j'ai à me plaindre d'Amour.
Quel amant n'en dirait autant ?
Je voudrais faire chanson neuve
Mais hélas tout a été dit.
Comment donc vous prier,
Amie ?
C'est à ma plaisante manière
Que mon chant paraîtra nouveau.
Dame, je sais assurément
Que je ne puis trouver au monde
Plus parfaite
Dame que vous.
Même en rêve je n'en vois pas
Qui surpasse votre beauté.
On ne peut aimer plus que moi.
Et si l'on peut être, il est vrai,
Plus valeureux que je ne suis
Mon cœur, au moins, n'est pas d'un fourbe
De plus, s'il n'en vous déplaît point,
Je ne vois aucune raison
De haïr le mal que j'endure.
Vous en faites si douce chose À l'accueillir si joliment
Que mon cœur sans cesse m'appelle
Quand mon esprit me fait l'œil noir.
Je ne sais pourquoi c'est ainsi,
Raison contre sentir défaille.
Ma
Dame, un baiser, rien de plus.
Et j'aurai ce que je désire.
Promettez-le sans vous fâcher
Et que les malveillants enragent,
Qu'ils souffrent de me voir heureux,
Et que mes amis s'éjouissent,
Car vraie courtoisie est ainsi :
Elle renfrogne les êtres vils
Et fait plaisir aux gens aimables.
Vers
Aubusson, va, ma chanson, À la meilleure je te donne,
La meilleure, sauf celle-ci,
Toute allégresse et corps riant.
Poème publié et mis à jour le: 20 January 2014