Poèmes

Chambre d’Amour

par Pierre Quillard

Pierre Quillard

La nuit tiède est clémente à la ville qui dort ;
Des lys impérieux triomphent dans la chambre
Et cependant nos cœurs sont froids comme Décembre
Et nos baisers d’amour amers comme la mort.
 
Ta douce bouche s’ouvre à des chansons mièvres
Et tes seins bienveillants accueillent mon front las ;
Mais, ô ma douloureuse enfant, je ne sais pas
Pourquoi les dieux mauvais empoisonnent nos lèvres.
 
Qu’importe ? viens vers moi, triste sœur ; aimons-nous,
Sans craindre la saveur glorieuse des larmes,
Tels des héros blessés avec leurs propres armes
Et dont le glaive d’or a rompu les genoux.
 
Viens ! nous aurons l’orgueil des âmes taciturnes
En cette chambre morne et veuve de flambeaux,
Où, semblable à l’odeur des antiques tombeaux,
Un parfum sépulcral monte des lys nocturnes.

Extrait de: 
La Lyre Héroïque et Dolente, (1897)



Poème publié et mis à jour le: 16 December 2022

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