Poèmes

Cannes en Californie

par Martine Broda

Martine Broda

(sur la terrasse)
au paradis du bonheur obligatoire
des riches
où tes parents t’avaient traînée
de force
*
devant d’horribles vieilles fardées
funèbrement attifées

*

la maîtresse de maison
maquillée violet
enjuponnée violette

*

(une ancienne actrice qu’avait joué Marinella
tchitchi
avec Tino
mariée avec un riche Américain
sa maison pleine de photos
dédicacées américaines
une Mitchum to Yvette with love mais deux
avec Reagan et Bush)

*

parmi d’horribles vieilles multicolores
fardées Fellini
il y avait cependant deux jeunes filles

*

(la troisième, la plus jeune, la plus belle, était ta mère,
Hélène, Helena
comme jadis
en blanc
virginal
drapée dans le manteau
de sa bonté
qui toujours
l’innocente)

*

la gracieuse comtesse qui lisait Rilke
te parlait joliment de ses amours défuntes
en regardant la mer

*

l’autre comtesse à la robe orange
chaleureux

*

que veux‑tu c’est le peuple dit Alexandra

*

la gracieuse comtesse qui lisait Rilke
te parlait de son fils américain
si matter of fact si insensible
mais veuve d’un riche Grec
déplorait la pollution socialiste
regrettait les colonels

*

(et le
baron
grotesque)

*

épiphanie
interrompue
deux vieilles jeunes filles pensent encore à l’amour

Extrait de: 
Toute la Poésie, Flammarion



Poème publié et mis à jour le: 14 August 2025

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