Chaque soir
avant de livrer son corps en pâture à la bête
sur les crêtes du sommeil
il dessinait un oiseau unique sur la feuille
ouvrait aux étoiles la lucarne étroite de sa chambre
et fredonnait une chanson venue des terres de l'enfance
Il soufflait dans la lumière, invitait l'obscurité à dérober
à la lampe sa clarté
Chaque matin
quand le soleil venait le délivrer
de l'épreuve de la nuit précédente
il déchiffrait le blanc intact et murmurait :
Était-ce un rêve ?
J'ai entendu un roucoulement
et un battement d'ailes
Mais lors d'un hiver
(quand le rire éclatant de sa voisine
ne se fit plus entendre)
une nuée de moineaux coula de sa paume
Il s'endormit
et ses doigts oublièrent la lucarne fermée
À son réveil
il découvrit sur le sol
une nuée de moineaux morts
et du sang sur les vitres
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012