Poèmes

Blason pour Cuba

par Michel Leiris

Ni conque ni perle (trop lunaires)

ni cette bête donnée par la cartographie,

le caïman

au sang et à l'œil glacés,

mais salamandre

que nourrit la morsure du brasier.

Coq

crête d'un éventail

où les strideurs culminent

entre les moires du violet et du rouge.

Taureau

cornes dressées en pleine lumière

au lieu de se terrer

dans les replis d'un labyrinthe.

Mince bouche à feu,

palmier

lâchant au plus haut

sa fraîche déflagration.

Rose des vents

affûtant sur sa meule

et avivant les courants

qu'elle a captés de toutes ses pointes.

Livre ouvert

qui propose à chacun

ses pages constellées de mots

assez nus pour écarter les diableries

de maintenant et d'hier.

Terre jeune

comme aux temps vieux

où l'homme se fit semeur de graines

et marieur d'animaux.

Soleil cabré

dont les harnais de fer

aux balcons se convulsent

tandis que verdeurs et fièvres végétales,

secouant plus loin leurs crinières,

dévalent et s'entassent.

Inde de l'ouest

foisonnant

— mieux qu'un trésor de radjah —

en joyaux

jaillis corps et âme de son creuset

où se fondirent toutes cultures et toutes races.

Cuba sans frontières,

malgré ceux qui voudraient l'encercler,

et sans serrures,

car la
Révolution

chaque jour

y abat de nouveaux murs.

Partout étranglé,

l'espoir

ailleurs que dans une île

pourrait-il aujourd'hui loger?



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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