Ni conque ni perle (trop lunaires)
ni cette bête donnée par la cartographie,
le caïman
au sang et à l'œil glacés,
mais salamandre
que nourrit la morsure du brasier.
Coq
crête d'un éventail
où les strideurs culminent
entre les moires du violet et du rouge.
Taureau
cornes dressées en pleine lumière
au lieu de se terrer
dans les replis d'un labyrinthe.
Mince bouche à feu,
palmier
lâchant au plus haut
sa fraîche déflagration.
Rose des vents
affûtant sur sa meule
et avivant les courants
qu'elle a captés de toutes ses pointes.
Livre ouvert
qui propose à chacun
ses pages constellées de mots
assez nus pour écarter les diableries
de maintenant et d'hier.
Terre jeune
comme aux temps vieux
où l'homme se fit semeur de graines
et marieur d'animaux.
Soleil cabré
dont les harnais de fer
aux balcons se convulsent
tandis que verdeurs et fièvres végétales,
secouant plus loin leurs crinières,
dévalent et s'entassent.
Inde de l'ouest
foisonnant
— mieux qu'un trésor de radjah —
en joyaux
jaillis corps et âme de son creuset
où se fondirent toutes cultures et toutes races.
Cuba sans frontières,
malgré ceux qui voudraient l'encercler,
et sans serrures,
car la
Révolution
chaque jour
y abat de nouveaux murs.
Partout étranglé,
l'espoir
ailleurs que dans une île
pourrait-il aujourd'hui loger?
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012