Poèmes

Au Roi, du Temps de Son Exil a Ferrare (Extraits)

par Clément Marot

(...)

Pour revenir doncques à mon propos,
Rhadamanthus avecques ses suppôts
Dedans
Paris, combien que fusse à
Blois,
Encontre moi fait ses premiers exploits,
En saisissant de ses mains violentes
Toutes mes grandes richesses excellentes,
Et beaux trésors, d'avarices délivres ,
C'est à savoir mes papiers et mes livres
Et mes labeurs. Ô juge sacrilège,
Qui t'a donné ni lois ni privilège
D'aller toucher et faire tes massacres
Au cabinet des saintes
Muses sacres ?
Bien est-il vrai que livres de défense3
On y trouva ; mais cela n'est offense
A un poète, à qui on doit lâcher
La bride longue et rien ne lui cacher,
Soit d'art magique, nécromance ou caballe ;
Et n'est doctrine écrite ni verbale,
Qu'un vrai poète au chef ne dut avoir,
Pour faire bien d'écrire son devoir.

Savoir le mal est souvent profitable.
Mais en user est toujours évitable.
Et d'autre part, que me nuit de tout lire ?
Le grand donneur m'a donné sens d'élire

En ces livrets tout cela qui accorde

Aux saints écrits de grâce et de concorde.

Et de jeter tout cela qui diffère

Du sacré sens, quand près on le confère ;

Car l'Ecriture est la touche où l'on trouve

Le plus haut or.
Et qui veut faire épreuve

D'or quel qu'il soit, il le convient toucher

A cette pierte et bien près l'approcher

De l'or exquis, qui tant se fait paraîtte,

Que, bas ou haut, tout autre fait connaître.

(...)

Puis tôt après, royal chef couronné,
Sachant plusieurs de vie trop meilleure
Que je ne suis être brûlés à l'heure,
Si durement, que mainte nation
En est tombée en admitation1.
J'abandonnai, sans avoir commis crime,
Eingrate
France, ingrate, ingratissime
A son poète : et en la délaissant,
Fort gtand regret ne vint mon cœur blessant
Tu mens,
Marot ! grand regret tu sentis,
Quand tu pensas à tes enfants petits.

Enfin, passai les grand froides montagnes
Et vins entrer aux lombardes campagnes,
Puis en l'Itale , où
Dieu qui me guidait
Dressa mes pas au lieu où résidait
De ton clair sang une princesse humaine,
Ta belle-sceur et cousine getmaine,
Fille du roi tant craint et renommé
Père du peuple aux chroniques nommé.
En son duché de
Ferrare venu,



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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