nous qui attendions trop du péage d'un pont
agenouillés lucides aux églises des eaux
nous connûmes trop tôt les arbres mis en berne
lentement nous dressons des potences de sel
pour nos songes traqués comme des pierrots blancs
inutiles
fruits de bois à nos dents
du mauve dans les yeux
nous avons épuisé la flûte de l'attente
comme un rayon de miel
nous avons mutilé les échelles de pourpre
qui naissaient en nos mains
et ces roses d'acier
qui entèrent nos tempes sont oubliées
dans les gares veuves où nous avons dormi
de sommes mal partis
de pelages de louves
les gants bleus des demains à l'envers des persiennes
avec des filles sans feuillage
aux haies sèches râpes
aux mouchoirs pervenche
entre leurs seins de buis
nous n'avons pas connu l'aine d'azalée blanche
d'une fiancée meurtrie
ni les coffres du soir ouverts à la même heure
pour y puiser la laine
et la plage
dans ses étoffes bises où nos doigts ont joué
gourds
l'hiver va immerger sa honte sous la neige
alentour
l'hélice à nœuds des cris taraude le silence
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012