Tout à coup, j’ai toute la vieillesse du monde dans les os.
Décembre allume ses fenêtres
Et c’est la benne des saisons qui bascule en me fendant l’être.
Voici le vieil hiver fumant, éventrés de soleils fourchus
On attend sur l’étang du gel l’écart éblouissant d’un prince
Mais le ciel de
Seine a terni les feux mordorés des vitrines
Et la brume qui vient aux dents est trouble du brouillard des mots
Je suis étranger à ces lieux où la publicité, la mort sont sourdement complices
Je suis né contre des forêts où l’air vert était sec de houx.
Ma mère, à cette saison-ci rentrait des lessives gelées :
La chemise aux deux bras levés, le drap raidi comme un chemin.
J’ai trop vécu pour refuser fidélité à mon enfance
Fidélité à mon amour et belles rives au temps pourri.
Tu peux venir au creux de moi comme une barque qui s’amarre
Escomptant qu’un arbre haleur délimite la contrée.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012