Les pousses adoptent sous la terre
Un comportement menuisier
Patience et géométrie
Un atelier sans liberté
Polit des linteaux d’étamines
J’apprends à retarder les mots
Par un mimétisme pareil
Une prudence de fraisier
Dans un printemps frileux
Par les tiges souples du feu
Je connais le vent, cru
l’ouest
Je vois par un ramier
J’entends par un renard
Le chat m’ouvre un été
La tulipe un soleil
Par les lettres vertes de l’eau
Et par le corps heureux des pierres
Je connais l’issue et l’entrée :
une population d’oiseaux
une mouche dont je suis l’aile.
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DEMAIN
LA
VEILLE (extraits)
C’est à la tombée du jour, en automne
Que j’ose confronter mes mots avec leur rugueux et leurs gerces
La forêt vire au nord
Le monde se fait moine
Les brouillards hasardent leur nappe aux creux du temps contaminé
Savoir que l’on peut s’éloigner, lucide enfin, avec les lampes
Qu’il n’y aura pas de retour vers quelque matin démarcheur
au carnet de commandes ouvert
L’espérance n’a plus son mot
Ni les aubes dans la sarriette
Ceux que nous avons dévoyés sont parqués vifs sur les pontons
Ils ont peur au fond de leurs os
du salon pourpre et des torchères
Des croupiers noirs sont alignés
qui vont ratisser les enjeux
En tirant les verrous d’acier
je pose du froid sur la glace
Je ne veux pas leur ressembler
Ni à moi – perdant, ni à rien
Je suis en quête d’un ailleurs qui sera mieux
(ou pis peut-être)
Un ordre qui m’épie déjà
par le judas des origines.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012