Poèmes

Demain la Veille (Extrait)

par Luc Bérimont

Les pousses adoptent sous la terre

Un comportement menuisier

Patience et géométrie

Un atelier sans liberté

Polit des linteaux d’étamines

J’apprends à retarder les mots

Par un mimétisme pareil

Une prudence de fraisier

Dans un printemps frileux

Par les tiges souples du feu

Je connais le vent, cru

l’ouest

Je vois par un ramier

J’entends par un renard

Le chat m’ouvre un été

La tulipe un soleil

Par les lettres vertes de l’eau

Et par le corps heureux des pierres

Je connais l’issue et l’entrée :

une population d’oiseaux

une mouche dont je suis l’aile.

- :- :- :-

DEMAIN
LA
VEILLE (extraits)

C’est à la tombée du jour, en automne

Que j’ose confronter mes mots avec leur rugueux et leurs gerces

La forêt vire au nord

Le monde se fait moine

Les brouillards hasardent leur nappe aux creux du temps contaminé

Savoir que l’on peut s’éloigner, lucide enfin, avec les lampes

Qu’il n’y aura pas de retour vers quelque matin démarcheur

au carnet de commandes ouvert

L’espérance n’a plus son mot

Ni les aubes dans la sarriette

Ceux que nous avons dévoyés sont parqués vifs sur les pontons

Ils ont peur au fond de leurs os

du salon pourpre et des torchères

Des croupiers noirs sont alignés

qui vont ratisser les enjeux

En tirant les verrous d’acier

je pose du froid sur la glace

Je ne veux pas leur ressembler

Ni à moi – perdant, ni à rien

Je suis en quête d’un ailleurs qui sera mieux

(ou pis peut-être)

Un ordre qui m’épie déjà

par le judas des origines.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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