Tu tettes le lait pur de mon âme sereine,
Mon petit nourrisson qui n'as pas vu le jour,
Et sur ses genoux blancs elle, berce la tienne
En lui parlant tout bas de la vie au front lourd.
Voici le lait d'esprit et le lait de tendresse,
Voici le regard d'or qu'on jette sur les cieux ;
Goûte près de mon coeur l'aube de la sagesse ;
Car sur terre jamais tu ne comprendras mieux.
Vois, mon âme sur toi s'inclinant plus encore,
Dans le temps que tu dors au berceau de mon flanc,
Brode des oiseaux blonds avec des fils d'aurore
Pour draper sur ton être un voile étincelant ;
Elle forme en rêvant ton âme nébuleuse
Dont le jeune noyau est encore amolli
Et t'annonce le jour, prudente et soucieuse,
En le laissant filtrer entre ses doigts polis.
Ouvre d'abord tes yeux à mon doux crépuscule,
Prépare-les longtemps à l'éclat du soleil ;
Vole dans mes jardins, léger comme une bulle,
Afin de ne pas trop t'étonner au réveil.
Cours après les frelons, joue avec les abeilles
Que pour toi ma pensée amène du dehors,
Soupèse entre tes mains la mamelle des treilles,
Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012