Poèmes

Tout s'agite autour de nous

par Jean-Michel Bollet

La luminosité, la précision nette
Me ravissent le cœur qui sait admirer tout
De la jolie linotte à la petite tête,
De la petite bête au minuscule cou.

Mars a ouvert le bal et fait danser avril
Autour des fleurs déjà qui dressent leur pistil
Et se couvrent de pleurs délicats de rosée

Où sont accrochées des rosaces d’araignée ;
Le papillon, l’abeille, le scarabée vert
Sortent ailes et pattes des torpeurs d’hiver.

L’un se soucie de ses antennes
Dans sa toilette quotidienne,
Avec ses jambes si agiles
Sous sa carapace fragile.

L’autre s’envole en bourdonnant,
Tournoyant et vibrionnant
Puis, avec douceur il se pose
Sur le cœur sucré de la rose.

Parfois, on les croit perdus quelque part :
Les voici revenus un peu plus tard ;
Ils ont fugué à cause d’un tourment
Qui pourrait être une faim de gourmand.

Ah ! qu’ils aiment se battre et s’amuser
Autour d’un pied de vigne vendangé
Et montrer la folie de leur ivresse
En se jetant des brassées de tendresse.

Je me repais de la fourmilière
Œuvre bâtie par des légionnaires,
Des guerriers, ouvriers, ouvrières
Poussant et tirant devant, derrière,
L’aiguille de pin, le fil de crin
Qui, d’un abri, feront un écrin.

Un arbrisseau s’est ombragé dans le jardin
Et son feuillage déborde sur le chemin ;
Autour de lui, des guêpes sont dans la lumière
Et butinent bleuet, jasmin, rose trémière ;

Déjà, le soir descend sur l'été qui s’épand
Dans le lustre des prés et des coteaux changeants ;
Les insectes emportent leur capture
Dans des maisons cachées dans la nature.

Voilà, août est parti et laisse place aux roux
Qui épargnent le lierre, le gui et le houx…
Le soleil s’est calmé au surgir d’une ondée
Attendue par la fleur ouverte et dénudée

Qui aime qu’on la touche après l’exquise douche,
Avec humilité, en approchant la bouche
Et, avec un baiser, on perce le mystère
Du suc royal goûté aux lèvres de la terre.

Bouse épaisse et crin blond, feuillages et rameaux,
Joncs dressés dans les eaux aux côtés des roseaux
Tissent un canevas d’un complexe écheveau
Où se plaisent canards, grenouilles, veaux, chevaux.

J’entends des cris de joie remplir le crépuscule
Lorsque le soleil triomphant recule,
Quand l’ombre avance au pied du peuplier,
Que fume le toit dans le hameau replié.

Ils clament les émois de leur joie d’existence
Dans un carré de monde où vit leur subsistance
Parmi la renoncule, la gentiane verte
Dont ils font chaque jour la belle découverte.

Vous habitez dans l’eau, sur terre et dans les airs
Et m’offrez chaque soir le plus beau des concerts,
La bouleversante et fantastique harmonie
Que la « Pastorale » a su mettre en symphonie.

Entre les broussailles et le grand bouleau blanc,
Une mousse, une herbe, un pétale ou un chardon
Sont pris, avec respect, entre mes doigts tremblants ;

La feuille jetée par le vent sans son pardon
Est saisie, défroissée : je ne fais pas semblant
De vouloir la sauver de son triste abandon

Et me voici triton, crapaud ou hérisson,
Mouche argentée, carpeau, courtilière, pinson,
Papillon, libellule… amours de mon frisson…

J’entends le vent chanter dans l’aile d’un flamant
Et la pie qui jacasse… Etourdi, je m’étonne.
Va, ma coccinelle, va-t-en au firmament

Demander au Bon Dieu d’envoyer sa maman
Avec, dans son panier d’osier, des fleurs d’automne…
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Fiévreux, délirant, je sombre en m’endormant.

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