Poèmes

Soins de Beauté

par Amanieu de Sescas

Je trouve bon qu'avant de vous lacer,

Vous vous laviez les bras,

Les mains et le visage.

Ensuite, chère amie.

Lacez bien vos manches

Étroitement et comme il faut.

Ne portez pas

Les ongles si longs

Qu'il y paraisse du noir,

Belle au corps gracieux.

Et veillez surtout

À soigner votre tête

Plus convenablement que tout le reste.

Car c'est ce que l'on regarde le plus

Qu'il convient d'embellir le plus.

Vous devriez blanchir

Vos dents tous les matins

Et avant de vous faire voir, être exacte

À accomplir tout ce que je vous ai dit.

D faut, de plus, que vous ayez

Un beau et clair miroir,

Où vous miriez

Votre teint et votre visage :

S'il y a quelque chose qui vous déplaise,

Faites-y correction...

Si à cette occasion

Un homme vous invite

Et vous requiert de galanterie.

Ne vous faites pas une loi

De lui paraître distante

Et de revêche compagnie.

Défendez-vous autrement,

Avec d'agréables et gentils propos.

Et si cet entretien vous cause

Du tourment et vous fait ennui.

Dites-lui de vous apprendre les nouvelles :

Demandez-lui quelles dames sont plus belles,

Des
Gasconnes ou des
Anglaises ;

Quelles sont les plus courtoises,

Les plus loyales, les meilleures.

S'il vous dit: «Les
Gasconnes»,

Répondez sans hésiter :

«
Seigneur, sauf votre respect,

Les dames d'Angleterre

Sont les plus belles du monde. »

Mais s'il vous dit: «C'est l'Anglaise»,

Répondez : «
Ne vous déplaise.

Seigneur, la
Gasconne a plus de beauté. »

Vous le mettrez ainsi dans l'embarras.

Faites alors venir avec vous

D'autres compagnons pour être les juges

De votre différend et pour établir

Qui a tort ou raison.

Mais quel que soit celui qui vous entretienne

Qu'il ne vous trouve pas discourtoise en paroles,

Fût-il l'ennemi

De tous vos amis,

Car de même qu'un homme nous pJaît

Quand il s'oppose énergiquement

Aux méchants qui le combattent,

Votre mérite sera infiniment plus apprécié

Et recevra meilleures louanges.

Si vous vous montrez courtoise.

Douce, pleine de modestie

Et de grâce envers tous les honnêtes gens.

II ne faut pas qu'on découvre en vous de l'orgueil

Je ne veux pas,
Demoiselle,

Que vous ayez la réponse farouche.

Il y a bien d'autres jolis faux-fuyants

Que vous pouvez utiliser

-
Plus de cinq cents - s'il vous plaît.

Sans avoir à dire d'impolitesses

Ou à commettre une incorrection.



Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012

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