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On ne sait pas toujours où va porter la hache,
Et bien des souverains, maladroits ouvriers,
En laissent retomber le coupant sur leurs pieds!
Que d'ennuis dans un front la main de
Dieu rassemble
Et donne pour racine aux fleurons du bandeau !
Pourquoi mit-il encor ce pénible fardeau
Sur ma tête aux pensers tristes abandonnée,
Et souffrante, et déjà de soi-même inclinée?
Moi qui n'aurois aimé, si j'avois pu choisir,
Qu'une existence calme, obscure et sans désir,
Une pauvre maison dans quelque bois perdue,
De mousse, de jasmins, et de vigne tendue;
Des fleurs à cultiver, la barque d'un pêcheur,
Et de la nuit sur l'eau respirer la fraîcheur,
Prier
Dieu sur les monts, suivre mes rêveries
Par les bois ombragés et les grandes prairies,
Des collines le soir descendre le penchant,
Le visage baigné des lueurs du couchant,
Quand un vent parfumé nous apporte en sa plainte
Quelques sons affaiblis d'une ancienne complainte...
Oh! ces feux du couchant vermeils, capricieux,
Montent comme un chemin splendide, vers les cieux!
Il semble que
Dieu dise à mon âme souffrante :
Quitte le monde impur, la foule indifférente,
Suis d'un pas assuré cette route qui luit,
Et — viens à moy, mon fils... et — n'attends pas
La
Nuit!!!
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012