Poèmes

Retraite

par Paul Verlaine

Paul Verlaine

On s'isole à
Paris, quelle que soit l'horreur

Apparente de vivre en ce cirque d'erreur.

De luxe dur et des trop plausibles rancunes

Du pauvre y voyant rouge, — ainsi vont nos fortunes

Sociales depuis ce cher
Quatre-vingt-neuf —,

Oui, dit-on, l'on s'isole en ce vieux
Paris neuf.

Moi, vieux
Parisien, ne le puis : l'habitude !

Mais j'ai tenté, pour fuir l'âpre disquiétude

De tous ces bruits méchants et de ce plat soleil,

D'habiter dans un cœur qui soit au mien pareil.

Pauvres cœurs tout meurtris, vieux de deuils et hors d'âge,

Étant restés bien trop enfants pour tant d'usage.

Ah ! consolez vos pleurs, priez pieusement

Pour au moins un futur tant soit peu plus clément
Et dormez, las de vains projets et d'aventures.
Loin du bruit amorti des sots et des voitures !



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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