«
Que j'ay nom
PAPILLON que je suis de
TOURAINE
Cadet de
VAUBERAULT, maison fort ancienne
Qui est en nostre race il y a trois cent ans,
Mais les malheurs divers, les misères du temps,
Et tant et tant de fois partage sur partage
Ont beaucoup amoindry ce gentil héritage.
Que je n'ay redouté ni l'onde glaciale,
Ni celle dont l'ardeur d'une autre n'est esgale,
Que l'Afrique, l'Asie, et que l'Europe aussi
Ont plusieurs mois conneu ma brave humeur ainsi,
Que la chaude
Ancelotte ouyt mon harquebuse
Dans mon berceau le pourpre enflamma sa furie,
Trois ou quatre ans après mon père trespassa,
Puis la guerre venant nos biens appetissa
Et m'osta du
Collège où reluysoit ma vie
A quinze ans j'ay porté soldat
L'excessive peine guerrière
J'y conneu
Thetis la meurtrière
Blessé, reblessé au combat.
Vous m'en estes tesmoings rencontre de
Dormant,
Ou je fus veu tuant, en pourpoint, pesle-mesle,
Le
Vernay,
Vymory, fossé de
La
Rochelle,
Vous monde d'escarmouche, assauts de
Lusignan,
Dansfrons,
Sainct
Lo,
Brouage, et
Fontenay,
Maran,
Saincte-Mesle,
La
Meure, et villes dauphinoises,
La
Gascongne et
Thetis vous honorables noises,
Et vous cent mille hasards par miracle passez
Qui souvent m'ont fait mettre au rang des trespassez.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012